Anatomie d’un athlète
Le cheval est un herbivore et a donc une dentition et un système digestif adapté à son mode d’alimentation. En raison de la sédentarisation de son mode de vie et des exigences de plus en plus pointues des cavaliers, le dentiste équin (Technicien Dentaire Équin) est devenu un maillon de la chaine indispensable à l’expression des particularités physiologiques de cet athlète hors-norme.
Le cheval est un herbivore dit « diphyodonte« : c’est à dire qu’il a la caractéristique de perdre ses dents de lait (lactéales) avant de disposer de ses dents définitives.
Il est aussi « hétérodonte« : il a plusieurs types de dents, aux formes et aux fonctions associées: incisives, crochets appelés canines, prémolaires, molaires.
Les dents lactéales sont dites « brachyodontes« , c’est à dire que ce sont des dents à croissance rapide mais limitée, avec une couronne courte.
Les dents définitives, à l’exception des crochets et des dents de loup/cochon, sont dites « hypsodontes » , c’est à dire que la croissance (quelques millimètres par an) prolongée de la racine est compensée par l’usure coronaire.
En termes plus simples, les dents « poussent » de manière continue, et le broyage des aliments permet normalement de compenser en usant les dents. Normalement, car de nos jours, le mode de vie du cheval ayant fortement été modifié ainsi que son mode d’alimentation, l’usure est souvent de plus en plus insuffisante.
Le phénomène d’hypsodontie est à l’origine de nombreux troubles masticatoires et la nécessité d’un suivi régulier par un Technicien Dentaire Équin (ou couramment appelé Dentiste Équin) devient indispensable, non seulement dans un souci de performance et d’exigence de la part du cavalier, mais aussi dans un souci de bien-être.
Formule dentaire Équine
La dentition du cheval mâle adulte est de 40 dents (44 si il y a les dents de loup sur les maxillaires et dents de cochon sur la mandibule) et de 36 dents chez la jument (40 si dents de loup / cochon)
Une hémi-arcade (un côté à partir de la ligne médiane) est composée de :
– 3 incisives (pince, mitoyenne, coin)
– 1 canine chez le mâle ou 0 chez la jument (sauf si bréhaigne).
– 4 prémolaires dont la première est la dent de loup / cochon.
– 3 molaires.
Le cheval compte 4 hémi-arcades numérotées de 1 à 4, dont chaque dent porte un nombre à 3 chiffres, selon la classification du Triadan, facilitant la compréhension entre professionnels de la Dentisterie Équine.
Mastication et bonne occlusion dentaire
Les deux arcades dentaires, supérieure et inférieure, entrent en contact lors de la mastication, entrainant le broyage des aliments sur les surfaces d’occlusions des dents, tandis qu’ils oscillent entre le vestibule jugale (joues) et le vestibule lingual (langue).
L’articulation Temporo-Mandibulaire (ATM), diarthrose qui relie la mandibule au crâne, permet le mouvement lemniscate de la mastication, un mouvement complexe en 8, associant propulsion, rétropulsion et diduction (adduction, abduction).
Pour une occlusion optimale, il est donc nécessaire:
– que les contacts dentaires, nombreux, soient symétriques et fonctionnent de manière synchrone (Courbe de Spee, angle de Wilson).
– qu’aucune surdent (liée à une usure inégale) ne vienne gêner le mécanisme.
-qu’aucune douleur n’empêche la fermeture de la bouche
Le rôle du Technicien Dentaire Équin (Dentiste Équin) est de prévenir ces risques de mauvaise occlusion, de difficultés masticatoires mais aussi de tous les problèmes qui en découlent.
L’appareil digestif du cheval
Le cheval est un herbivore monogastrique (il ne possède qu’un estomac unique de petite taille, contrairement aux ruminants, qui sont des mammifères « polygastriques »).
Dans son milieu naturel, le cheval passe donc environ 15h par jour à s’alimenter de petits repas, ce qui correspond à une alimentation dite « fractionnée ».
Son anatomie s’est donc adaptée au fil des siècles pour ce mode d’alimentation:
– son estomac est de petite taille, ce qui nécessite l’ingestion de multiples repas en petites quantités, demandant au cheval de bien mastiquer afin de déclencher une salivation abondante, humidifiant les aliments.
– ses dents poussent en continu tout au long de la vie (le cheval est dit « hypsodonte« ) ce qui permet une usure de 3mm par an en moyenne.
– Son appareil digestif s’est adapté à ce mode d’alimentation fractionné et il faut donc être particulièrement vigilant lors de la constitution d’une ration alimentaire.
– A la différence de l’homme, son cæcum est très développé, favorisant la fermentation microbienne et augmentant la dégradation du bol alimentaire pour le transformer en énergie..
Le cæcum est un organe situé en première partie du côlon et chez le cheval, les hydrates de carbone et la cellulose des végétaux sont transformés en Acides Gras Volatiles (AGV), source d’énergie, et où l’eau et les électrolytes sont absorbés.
Sa bouche permet de couper les herbes avec ses incisives et de broyer avec ses molaires.
Son œsophage permet le passage du bol alimentaire de la bouche à l’estomac, mais son étroitesse et la présence d’un muscle, le cardia, ne s’ouvrant que dans un sens, ce qui l’empêche de régurgiter, favorisent les bouchons, d’où l’importance d’une bonne mastication.
L’intestin grêle, avec sa vingtaine de mètres en moyenne, aide à l’absorption de la plupart des électrolytes et augmentent la digestion par une présence élevée en enzymes digestives, qui, en passant la barrière intestinale, vont donner une première source d’énergie pour le cheval.
Le colon, ou gros intestin, est le dernier lieu de la digestion, là où les derniers liquides vont être absorbés (augmentant ainsi la consistance des crottins) et où le caecum va jouer son rôle. Malheureusement, sa forme et la fragilité de sa flore intestinale prédispose le cheval aux coliques (fermentations trop élevées, déplacements…).
Le rectum et l’anus sont les lieux de stockage et d’élimination des crottins.